Là-haut, l’éternité

Quand le regard frôle l’immensité, quand l’éternité tel un funambule longe les crêtes irréelles, quand l’esprit s’éveille en dévisageant la nature, quand l’âme comprend le vol de l’oiseau, quand le geste s’accroche à la danse du chamois, quand l’intelligence saisit le langage du loup, quand la sensibilité frôle les embruns des cascades, quand les sonnailles guident les bergers, quand la fleur compose une harmonie d’ivresse, quand l’homme se fait minuscule, humble, tout petit, quand le silence compose les cantates de cristal, quand la création évoque la splendeur du monde, quand les torrents et rivières reprennent leur légitimité, alors nous sommes proches, tout proches du paradis, de l’extase féconde, du mystère et de sa profondeur divine. Ignorer les limites, les parcelles, les territoires, les frontières, tel est le vœu pieux de la nature. La puissance du Mercantour exhale ses ocres, ses floraisons multicolores, ses pastels à la langueur de l’univers.

Ici le cirque est fête, les falaises carnaval, les pics et les sommets se déchaînent en une danse envoûtante. Ici, montagnes et plateaux, pâturages et forêts, vallons et clairières, tels de lents navires aux voiles pourpres, conduisent l’homme vers un miracle perpétuel, vers un avenir de beauté et de paix.

Jean Siccardi. Mai 2005